RETARD DE CROISSANCE INTRA-UTERIN

RCIU : définition et épidémiologie
D. SUBTIL 1,2 ,J. ZEITLIN 2
1. Hôpital Jeanne de Flandre, Lille, France. 2. INSERM U149, Paris, France

Parce que c’est elle que l’on cherche finalement à dépister, la notion de "restriction de croissance intra-utérine" remplace progressivement la notion de "retard de croissance intra-utérin". De la notion de "faible poids", on passe ainsi progressivement à la notion de "faible poids par rapport à ce qui était prévu". Cette mutation est logique car c'est uniquement l'impossibilité pour un fœtus d'accéder au poids prévu par son "programme génétique" qui le rend fragile : augmentation du risque de décès in utero, difficultés d'adaptation à la vie extra-utérine, troubles immédiats et retardés des métabolismes…

Pour l'instant, le repérage des fœtus à risque continue de se faire sur la base de courbes de poids – en général néonatales -, dont on admet que le 10e percentile constitue la limite à partir de laquelle la surveillance doit s'intensifier. Encore faut-il disposer de courbes qui correspondent à la population que l'on surveille. Quelle que soit la courbe (aucune n'est parfaite), il est souhaitable que 10 % environ des enfants de femmes à risque "normal" se trouvent sous le 10e percentile pour chaque âge gestationnel (même vérification pour les autres percentiles). Surtout, ces courbes doivent être bien connues de leurs utilisateurs, afin qu’elles soient “parlantes” en terme de conduite à tenir.

Des améliorations sont prévisibles et souhaitables dans les années à venir :

1. Dès maintenant, la situation précise des fœtus - et surtout leur évolution pondérale au cours de la grossesse - devraient être rapportées et appréciées de manière visuelle sur une courbe de poids "standard", tenue à jour dans les dossiers d’échographie et d'obstétrique

2. La miniaturisation de l’informatique – et la validation de courbes de poids fœtales - permettront de faire des progrès dans deux domaines :

2.1 Les informations concernant la croissance de l’enfant pourront être résumées de manière synthétique en utilisant avec précision les percentiles pour l’âge gestationnel, ou bien le pourcentage du poids théorique pour l'âge (BWR: birth weight ratio)

2.2 Il sera possible de personnaliser la courbe de croissance théorique de chaque fœtus (GARBOSI et coll) en fonction de son sexe, de la taille et du poids de sa mère, voire de son ethnie et de la taille de son père. Ainsi, la croissance de l’enfant sera évaluée en fonction de son programme théorique personnel, et non plus en fonction de la courbe établie à partir des nouveau-nés de son pays… ou d’ailleurs.