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RETARD DE CROISSANCE INTRA-UTERIN ETIOLOGIES Anomalies chromosomiques et rciu Pr. R. SAURA Les
anomalies chromosomiques, de nombre ou de structure, ne sont pas rares
et sont responsables, très souvent, danomalies morphologiques
ftales parfois associées à un RCIU. Devant la découverte
dun RCIU inexpliqué, le caryotype ftal, souvent réalisé
par amniocentèse et parfois par choriocentèse ou par cordocentèse,
permettra de faire le diagnostic , dans certains cas, dune anomalie
chromosomique sévère. Les remaniements de structure peuvent être associés à un RCIU, en fait rarement isolé. Ces remaniements sont essentiellement les 4p-, 5p-, les remaniements du 9 , les 13q-, 18p- et le 18q-. Dautres anomalies de structure peuvent être, aussi, responsables de RCIU. Certaines équipes proposent de rechercher systématiquement une délétion du bras court dun chromosome 4 par la cytogénétique moléculaire (FISH). Les mosaïques chromosomiques ftales vraies (deux populations cellulaires différentes au moins, chez un même individu) peuvent générer un RCIU, mais là aussi, dautres anomalies morphologiques devraient être retrouvées à léchographie. Les chromosomes impliqués peuvent être les 18 et les 13 mais aussi les autres paires chromosomiques. Ces mosaïques impliquant des chromosomes «atypiques» sont le plus souvent suivies de FCS ou sont létales dans lespèce humaine. Lutilisation des villosités choriales a permis de mettre en évidence des anomalies chromosomiques limitées au placenta (ACLP). Le caryotype du placenta et du ftus sont différents. Lanalyse «directe» des villosités permet détablir le caryotype du cytotrophoblaste, la culture permet détudier le mésenchyme extra-embryonnaire. Une ACLP est de type 1 , 2 ou 3 quand elle est retrouvée respectivement, dans le cytotrophoblaste (direct), le mésenchyme (culture) ou les deux. La plupart des chromosomes peuvent être impliqués dans ces ACLP. Ces ACLP sont la conséquence dun accident post-zygotique. Il peut sagir dun uf euploïde (à 46 chromosomes) dont certaines ou toutes les cellules vont devenir aneuploïdes (plus ou moins de 46 chromosomes) après un accident mitotique. Il peut sagir dun accident «réparateur»mitotique qui va permettre à un uf aneuploïde (à 47 chromosomes) de se transformer en embryon euploïde à 46 chromosomes, par la perte au hasard dun des trois chromosomes. Ce dernier mécanisme peut être responsable dune disomie uniparentale (DUP), les deux chromosomes restant de la paire initialement trisomique, proviennent dun même parent. On parle disodisomie lorsque les deux chromosomes restant sont identiques (accident de la méïose 2) ou dhétérodisomie lorsque les deux chromosomes restants, dune même paire, sont différents (accident de la méïose 1). Les mécanismes par lesquels une ACLP pourrait interférer avec la croissance ftale restent hypothétiques : en effet, la présence de cellules anormales dans le placenta peut altérer les fonctions placentaires. Une DUP peut aussi intervenir, soit en révélant une maladie récessive autosomique (dans les isodisomies), soit en générant des syndromes dûs à lempreinte génomique qui est la perte de la complémentarité fonctionnelle des deux génomes parentaux. Certains gènes soumis à empreinte génomique seraient impliqués dans le développement de lembryon ou du ftus. Leurs dysfonctionnements pourraient être responsables danomalies du développement du ftus et de RCIU. Ces différents mécanismes peuvent aussi être associés dans la genèse des RCIU. Dans notre expérience portant sur plus de 10733 choriocentèses précoces ou tardives avec 95 % de suivi, 97 ACLP (0,92%) ont été diagnostiquées. Le taux de complications des grossesses (FC, MIU et RCIU) est apparu augmenté, par rapport à la population générale, en accord avec les données de la littérature. Le taux de FC a été de 1,7% en moyenne dans notre série de 10733 cas, et de 10,3% (10 sur 97) après ACLP. Il apparaît donc évident que lexistence dune ACLP augmente nettement le risque de FC. Le taux de RCIU après ACLP a été de 5,1% (5 sur 97) ce qui est plus ou moins le taux attendu et n est donc pas paradoxalement augmenté. Ce qui est en désaccord avec certaines données de la littérature. Ceci peut être expliqué par le fait que le statut exact du placenta, concernant lanomalie chromosomique est difficile à définir car le prélèvement utilisé pour réaliser le diagnostic de lACLP, ne représente que quelques villosités et qui ne correspond pas obligatoirement à lensemble du placenta. Les ACLP du chromosome 16 sont bien connues pour générer des RCIU majeurs, 3 sur 4 dans notre série, ceci est aussi bien documenté dans les données de la littérature. Les trisomies 16 retrouvées en ACLP sont le plus souvent homogènes, de type 3, et sont très probablement la conséquence dun embryon trisomique 16 «réparé». LACLP implique, dans cette situation, lintégralité du placenta dont la fonction est très perturbée. Les chromosomes impliqués dans les ACLP et responsables de RCIU sont par ordre décroissant les : 16, 22, 9, 2, 7, 15, 18 et 21, les autres chromosomes autosomiques, les gonosomes suivis par les doubles trisomies, les anomalies de structure et les tétraploïdies. Nous avons pu démontré par létude histologique des villosités obtenues, pour létude du caryotype dans le bilan des RCIU, des signes dischémie permettant dévoquer les causes vasculaires des RCIU. Cette étude doit, toutefois être complétée pour être validée. Sur les 11 contrôles réalisés par amniocentèse, dans notre série de 10733 cas, 5 DUP ont été recherchées, en raison soit du type ACLP, soit en raison du chromosome impliqué. Deux diagnostics de DUP ont été faits : une hétérodisomie 16 maternelle et une hétérodisomie maternelle dun chromosome 14 associée à une trisomie 14 ftale, en mosaïque faible. Ces DUP sont rares mais lutilisation des PVC permet den révéler certaines. Cette recherche doit, à notre avis, être proposée essentiellement aux ACLP de type 3, mais aussi dans les ACLP homogènes. Il nexiste à ce jour aucune méthode parfaite pour appréhender lensemble de la pathologie de la croissance ftale. Lamniocentèse et la cordocentèse permettent une approche fine de lembryon, mais occultent la pathologie du placenta dont le rôle nest sûrement pas négligeable dans la genèse des RCIU. A ce jour, il semble difficile de diagnostiquer et de prévoir le devenir des DUP. La placentocentèse apparaît, dans cette optique, comme un moyen dinvestigation complémentaire indispensable, si on en a la pratique, du bilan des RCIU inexpliqués. |